Glasgow la sombre

Publié le par Bédévaure

Lennox, ancien militaire canadien, est devenu détective privé en Écosse. Il collabore avec la police, mais ses clients sont souvent des malfrats.

 

Lennox, Craig Russell, Calmann-LevyAu début des années 50, en Écosse, la victoire sur l'Allemagne c'est presque du passé, mais les conséquences de l'effort de guerre sont toujours présentes. Par exemple Lennox, détective privé, ancien militaire canadien, a toutes les difficultés du monde pour trouver du bon café à Glasgow, la capitale économique de l'Écosse. Par contre, pour s'attirer les ennuis, il semble être un expert.

Craig Russell, l'auteur de ce roman policier aux délicieux airs rétro (l'action se déroule en 1953), prend son temps, avant de mettre en place l'intrigue, de bien dresser le portrait de ce cabossé de la vie. Célibataire, vivant dans un petit appartement, Lennox tente de faire des économies pour se payer un hypothétique billet de retour pour le Nouveau Monde. Reste à retrouver l'envie. Pas évident quand on a perdu toute estime de soi : « La mauvaise graine. La guerre n'avait fait que la nourrir. Il existait nombre d'adjectifs pour décrire l'état dans lequel les hommes revenaient de la guerre : changés, désabusés, morts. L'adjectif que j'utilisais, moi, pour me qualifier était « sale ». J'étais revenu sale de la guerre et je ne voulais pas retourner au Canada avant de me sentir de nouveau propre. Sauf que, plus le temps passait, et plus les gens que je fréquentais devenaient sales. » Parmi ces clients, un certain John Andrews. Cet industriel a demandé à Lennox de retrouver sa femme, Lillian, disparue depuis quelques jours. Lillian qui se révèlera être beaucoup plus complexe qu'une simple femme au foyer.

Lennox est également sollicité par un des jumeaux McGahern, petite frappe tentant de se faire une place dans le milieu écossais. Frankie veut savoir qui a descendu son frère Tam. Lennox décline l'offre. Et pour bien se faire comprendre, donne une trempe à Frankie. Problème, ce même Frankie McGahern est retrouvé assassiné le lendemain. La police soupçonne Lennox. Les véritables ennuis vont alors aller crescendo pour le héros. Après un tabassage en règle par des policiers pas tendres et une nuit au poste, il doit rendre des comptes aux trois « rois » de Glasgow. Ce sont les parrains de la mafia locale. Il parvient tant bien que mal a se dédouaner. En contrepartie, il doit découvrir qui a descendu les jumeaux McGahern...

 

« Je suis un connard cynique »

Le lecteur, en suivant Lennox dans ses recherches, visite Glasgow, ses bordels, ses bars, ses quartiers résidentiels et ses quais. Il apprend aussi à mieux connaître le personnage principal et narrateur. C'est un drôle d'oiseau. Rarement de bonne humeur, toujours sur le fil du rasoir. Avec une méchante aptitude à se fâcher avec tout le monde à force de mettre son nez où il ne faut pas et à faire du mauvais esprit. Il en a parfaitement conscience : « Je suis un connard cynique. Je l'admets. Je ce que j'ai vu, ce que j'ai fait m'a transformé en un être que je n'aime vraiment pas et ma façon de gérer tout cela consiste souvent à commencer la journée avec un air méprisant ou une blague aux dépens de quelqu'un d'autre. » Pas facile de vivre avec Lennox. Même lui a des difficultés...

Virage en épingle à cheveux et changement radical de style pour Craig Russell avec ce premier roman de la série de Lennox-Glasgow. Il laisse l’Allemagne de Hambourg et son personnage fétiche Jan Fabel pour passer à l’Écosse, et plus précisément à la Glasgow des années 50. C'est un peu l'archétype du roman noir. Pas grand monde ne sort indemne de ce polar publié dans la remarquable collection : Robert Pépin présente...

« Lennox », Craig Russell, Calmann-Lévy, 20,50 €


Publié dans critiques romans

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article