Deux voyous et la nature

Publié le par Bédévaure

Ce roman policier signé Bruno Gallet se déroule en grande partie sur le Causse. Deux jeunes voyous vont y rencontrer une nature rédemptrice.

 

Bruno Gallet, Anne Carrière, Causse, polarBien plus qu'un simple roman policier, « Des voyous magnifiques » de Bruno Gallet est aussi un formidable voyage dans la nature rude du Causse en hiver. Elle va s'imposer comme le véritable personnage central d'un roman virant au final à la quête rédemptrice.

 

Tout débute dans une petite ville du Sud des Alpes. Tuscan et Abel ont décidé de braquer une banque. Les deux amis, un peu voyous, surtout marginaux, n'ont pas préparé grand chose. Abel attend dans la voiture, Tuscan se dirige vers les guichets. Il croise le directeur, lui explique qu'il doit ouvrir le coffre, tout en le menaçant d'un fusil de chasse. Manque de chance, le rond-de-cuir veut jouer aux héros. « La déflagration retentit alors, faisant exploser sa tête comme les melons pourris qu'Abel jetait autrefois du pont de Plan-d'Orgon sur le pare-brise des voitures qui, en dessous, filaient sur l'autoroute. »

Sous la neige

 

Un braquage calamiteux qui continue à tourner vinaigre quand Abel ne parvient plus à démarrer la voiture volée quelques heures plus tôt. C'est à pied que les deux apprentis gangsters prennent la fuite, sous les regards de plusieurs témoins. A un feu rouge, ils montent d'autorité dans une camionnette frigorifique et poursuivent leur cavale vers les montagnes. C'est une idée de Tuscan, le leader, le cerveau du binôme.

 

La neige commence à tomber et partir vers les hauteurs est très risqué. Un plan qui paye, ils ne croisent pas une seule voiture de gendarmerie. Après un grand détour, ils reprennent la direction de leur planque, la maison de la sœur de Tuscan, sur le Causse.

 

Tout se passe bien au début et à nouveau la malchance. Pris en chasse par des gendarmes, sur une route de montagne rendue glissante par la neige, ils chutent dans un ravin. Cela leur permet d'échapper aux forces de l'ordre, mais les oblige à poursuivre leur route à pied. Et accompagné car ils font une étonnante découverte à l'arrière du véhicule volé.

 

Nature grandiose... et hostile

 

Le roman prend alors son envol humaniste et naturaliste. Humaniste car Abel et Tuscan, dont on apprend l'enfance par brides distillées par l'auteur, se révèlent plus gamins perdus que grands bandits. Certes ils sont malhonnêtes, mais c'est pour survivre. Et ils ont plus de compassion pour leur prochain que des notables bien sous tous rapports. C'est en débutant leur cavale à pied que la nature entre en force dans le roman. Cela donne des passages d'une grande beauté comme cette découverte, par Abel, du Causse : « Bientôt le sol se couche sous leurs pas et aux effluves gras des terres d'en bas succède progressivement le parfum âpre et poivré du Causse. Le talus qui leur masquait la vue bascule alors devant eux pour dévoiler d'un coup un plateau fluorescent raboté par les vents et filant sous une lune platine jusqu'à un horizon impeccablement rectiligne. Au-dessus, le ciel a des airs de planétarium tant la lumière des étoiles qui le tapissent paraît artificielle. » La nature ne se montrera pas très généreuse pour les fuyards. Ils parviendront cependant à se cacher des forces de l'ordre, découvrant les entrailles de la région avec leur petit fardeau mais si encombrant.

 

Un road movie sans route ni voiture, mais au cœur d'une région merveilleusement décrite par Bruno Gallet.

 

 

« Des voyous magnifiques », Bruno Gallet, Anne Carrière, 18,50 €

Publié dans critiques romans

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